
Avant même sa naissance, Ayla est entrée dans l’histoire.
Après un diagnostic prénatal de la maladie de Pompe, elle a reçu le premier traitement in utero au monde à L’Hôpital d’Ottawa l’année dernière. La maladie souvent mortelle avait déjà emporté deux membres de sa fratrie durant leur enfance.
Aujourd’hui, Ayla se porte à merveille. En juin, elle a fêté son premier anniversaire de naissance. « Nous avons invité toute la famille, dit sa mère, Sobia Qureshi. Ce fut un grand événement pour tous, car ils vivaient encore la perte causée par la mort de nos deux autres enfants. Mais quand on voit Ayla grandir comme ceci, c’est parfois difficile de se rappeler qu’elle a la maladie de Pompe. »
À propos de la maladie de Pompe
La maladie de Pompe est un trouble génétique héréditaire qui affaiblit les muscles du corps, notamment dans le cœur et autour du squelette. Les personnes atteintes présentent un déficit en alpha glucosidase acide, une enzyme qui décompose le glycogène, un sucre complexe, pour le transformer en énergie. La présence excessive de glycogène dans les cellules musculaires blesse les cellules et affaiblit les muscles. Cette maladie rare touche 1 nouveau-né sur 40 000.
Sans traitement, l’enfant touché meurt habituellement avant l’âge d’un an. Pour vivre, il a besoin d’une thérapie de remplacement d’enzyme pendant toute sa vie, mais la maladie peut se manifester de plusieurs manières dès sa naissance.
Un nouveau traitement redonne l’espoir

Peu après avoir appris que son enfant à naître serait atteint de la maladie de Pompe, Sobia a demandé à son médecin de famille de la recommander à la Dre Karen Fung-Kee-Fung, spécialiste en médecine materno-fœtale à L’Hôpital d’Ottawa.
« Je l’avais vue une fois auparavant et je l’avais beaucoup aimée, affirme Sobia. Et je suis très heureuse de lui avoir été recommandée. »
Autre heureux hasard : un essai clinique novateur venait d’être approuvé à l’Université de la Californie à San Francisco.
L’essai consisterait à traiter Ayla in utero d’abord plutôt que d’attendre sa naissance. Le traitement donné précocement limiterait idéalement l’atteinte de la maladie et préviendrait des réactions immunitaires graves au médicament chez un nouveau-né vulnérable.
La Dre Fung-Kee-Fung a collaboré avec le Dr Pranesh Chakraborty, spécialiste des maladies du métabolisme au CHEO, qui était le fournisseur de soins pédiatriques de la famille pendant plusieurs années. Les deux médecins ont rapidement fait approuver la participation de Sobia à l’essai.
Des soins de calibre mondial à proximité

Au départ, Sobia devait se rendre en Californie pour six séances de thérapie prénatales de remplacement de l’enzyme, soit une toutes les deux semaines. Or, ces voyages allaient être compliqués par les restrictions liées à la COVID-19 et ses responsabilités de mère de deux enfants.
« C’était évident qu’il nous fallait un plan B –un traitement ici même », précise la Dre Fung-Kee-Fung.
Après consultation de l’équipe de l’essai clinique à l’Université de Californie à San Francisco et de spécialistes de la maladie de Pompe à l’Université Duke, la Dre Fung-Kee-Fung et l’équipe de médecine materno-fœtale ont reçu carte blanche pour administrer le traitement à L’Hôpital d’Ottawa.
La Dre Fung-Kee-Fung a administré les séances de thérapie en compagnie du Dr Felipe Moretti, chef de la Division de médecine materno-fœtale à l’Hôpital. Même s’il s’agit d’un nouveau traitement, la même intervention d’inoculation d’une enzyme est utilisée pour d’autres thérapies in utero que la Dre Fung-Kee-Fung a réalisées à L’Hôpital d’Ottawa depuis plus de 30 ans.
« Nous avons eu le privilège de participer à cette collaboration unique, affirme la Dre Fung-Kee-Fung. L’Université de Californie à San Francisco et l’Université Duke sont à l’origine des recherches novatrices qui ont abouti à cette thérapie. Et à Ottawa, nous avions l’expérience et l’équipe nécessaires pour profiter de cette possibilité et offrir ici même à Ayla ce traitement qui sauve des vies. »
Non seulement la Dre Fung-Kee-Fung a-t-elle administré le traitement d’Ayla, mais elle s’est aussi occupée de l’accouchement à sa naissance, à la grande joie de Sobia. « J’espérais qu’elle s’occupe de l’accouchement, et c’est ce qui s’est passé! affirme Sobia. Je n’aurais pas voulu qu’il en soit autrement. »
À 17 mois, Ayla se porte à merveille

Aujourd’hui, Ayla reçoit un traitement postnatal classique du Dr Chakraborty au CHEO. Son cœur et son corps se développent et fonctionnent normalement. Just avant son premier anniversaire, elle a commencé à marcher, et ses parents ont du mal à suivre cette petite très active.
« Le dernière chose qu’elle a appris à faire est monter sur nos sofas, dit Sobia en riant. Je ne crois pas avoir dû surveiller un de nos enfants autant qu’Ayla. »
L’avenir d’Ayla est incertain, mais le traitement a donné de l’espoir à la famille. « Nous ne savons pas à quoi les choses vont ressembler dans 5, 10 ou 20 ans, dit Sobia. J’espère que la tendance se maintiendra et qu’elle continuera de s’épanouir. »
Un avenir radieux attend de nombreuses autres familles

« Ce traitement donne espoir à tellement d’autres familles confrontées à cette maladie », se réjouit la Dre Fung-Kee-Fung. « Comme Sobia, beaucoup de personnes ne peuvent pas voyager aux États-Unis pour recevoir ce traitement. »
Voilà pourquoi les équipes cliniques et scientifiques à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et à l’Institut de recherche du CHEO ont collaboré et soumis une demande de subvention aux Instituts canadiens de recherche en santé pour faire de L’Hôpital d’Ottawa un site d’essai pour ce traitement novateur.
D’autres troubles génétiques pourraient bénéficier d’un traitement similaire à l’avenir.
« Ce n’est que la partie visible de l’iceberg », affirme la spécialiste. « Si nous sommes capables d’administrer efficacement une enzyme dans notre patient fœtal pour traiter cette maladie, d’autres familles touchées par des maladies génétiques semblables pourront certainement bénéficier d’un traitement similaire. »

Appuyez les soins aux patients et la recherche à L'Hôpital d'Ottawa
Autres ressources utiles
Nouvelles blouses : bientôt des salles d’opération plus écologiques
L’Hôpital d’Ottawa trouve des moyens sécuritaires et novateurs de réduire la quantité de déchets médicaux dans ses salles d’opération en utilisant plus de produits écologiquement durables.
Des essais vitaux : la formation par simulation prépare nos équipes de soins aux urgences réelles
En remplaçant les patients par des mannequins, notre Programme de simulation en sécurité des patients reproduit des urgences médicales au sein de notre Hôpital, tout en permettant à nos équipes de soins de s’exercer à venir en aide à un patient en arrêt cardiaque ou en insuffisance respiratoire, à accueillir un grand nombre de blessés, etc. Plongez dans cette foire aux questions pour découvrir comment le programme améliore la qualité des soins aux patients et renforce leur sécurité.
Prendre soin de vous et de votre nouveau-né : Guide pour les parents après une naissance
Venez-vous d’accoucher ou êtes-vous sur le point d’accoucher? Dans cette série de vidéos, les infirmières Assie Sock et Mélodie Patenaude donnent des conseils essentiels pour les premiers jours à la maison.
Soins offerts à la communauté 2ELGBTQIA+ à L’Hôpital d’Ottawa : Guide pratique
L’Hôpital d’Ottawa offre un large éventail de services et de ressources afin d’aider à répondre aux besoins en matière de soins propres à la communauté 2ELGBTQIA+, y compris la toute première clinique de chirurgie d’affirmation de genre en Ontario, un programme de soins offert 24 heures sur 24 et 7 jours par semaine aux victimes d’agression sexuelle ou d’abus par un partenaire, et une clinique de la diversité des genres pour aider les patients aux besoins médicaux complexes dans leur parcours de transition.
Un nouvel appareil de radiothérapie cible le cancer avec une grande précision, même si la tumeur se déplace pendant le traitement
« Nous pouvons administrer un traitement de radiothérapie exactement personnalisé pour le patient ce jour-là ». Le Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa est à présent l’un des premiers au Canada à acquérir le système de radiothérapie IRM-Linac à la pointe de la technologie.
Bébé à bord : Des infirmières dans le feu de l’action pour faire naître un bébé en plein vol
Lorsqu’une femme a commencé à accoucher en plein milieu d’un vol de 7 heures, Eunice et Lindsey ont immédiatement offert leur aide. Les deux infirmières en soins intensifs néonataux ont dû se fier à leur propre expérience, et à un peu d’improvisation, pour faire naître et réanimer une fillette.